Les sécheresses en Chine ainsi que la guerre en Ukraine, en plus des goulots d’étranglement des chaînes de logistique mondiale, ont causé une augmentation rapide du coût du grain qui a atteint un sommet en mai. Cette situation a mené à une hausse du coût des nouilles, fraîches ou sèches, au grand dam des producteurs de nouilles instantanées.

M. Yau est propriétaire d’un restaurant sur la rue Queen Ouest à Toronto.
Photo : Radio-Canada
Certains d’entre eux ont d’ailleurs récemment annoncé leur intention de hausser leurs prix. C’est le cas du géant sud-coréen Nongshim, qui augmentera entre autres les prix de ses nouilles instantanées de 11,3 % le 15 septembre, selon des médias locaux.
En juin, les prix des paquets de nouilles instantanées en gobelet de l’entreprise Nissin Foods Holdings Co Ltd. sont quant à eux passés de 193 yens (1,83 $ CA) à 214 yens (2,2 $ CA), selon Reuters. Il s’agissait de la première augmentation en trois ans.
Le boisseau de blé a atteint un sommet en mai de cette année, et le coût des intrants a augmenté depuis quelque temps
, explique le Dr Sylvain Charlebois, directeur du Laboratoire de recherche en sciences analytiques agroalimentaires de l’Université Dalhousie.
Pour l’historienne de l’alimentation Camille Bégin, cette hausse des prix est loin d’être anodine.
C’est comme si on disait aux Canadiens qu’ils ne peuvent plus avoir de poutine parce qu’il n’y a plus de pommes de terre. Ça devient un problème d’identité de ne plus avoir accès à cette nourriture tellement ancrée dans leur culture
, dit-elle.
Des répercussions jusqu’au Canada
L’augmentation des prix aura également des conséquences en Occident, selon l’historienne, où la popularité de ces mets ne cesse de grandir.
Au Canada, par exemple, la vente de pâtes séchées et instantanées a représenté 147,38 millions de dollars en 2020, une augmentation de 8,53 % par rapport à l’année précédente, selon le site marketresearch.com.
Sans compter les restaurants de ramens, qui gagnent en popularité.
Je suis à Toronto depuis 2005 et ça a quintuplé depuis. […] Les consommateurs occidentaux commencent à rechercher des variations régionales. Il y a de plus en plus de demande, et évidemment, à Toronto et au Canada, c’est aussi une demande des minorités asiatiques
, explique Mme Bégin.
Au restaurant Ikkousha Ramen à Toronto, faire des profits est de plus en plus difficile. Son propriétaire, Cussons Yau, importait ses nouilles du Japon, mais il s’est récemment rabattu sur une usine de Vancouver, moins chère.
Malgré tout, les sacs de nouilles ramen crues qu’il se procure au Canada sont passés de 5 à 7 dollars au cours des 12 derniers mois.
Le restaurant a récemment augmenté les prix de ses bols de nouilles ramen d’un dollar, ce qui n’est pas suffisant pour faire face à la hausse des prix des denrées.
Nous essayons d’amener la culture japonaise ici, donc nous ne voulons pas trop augmenter nos prix
, explique-t-il.
Les moins nantis sont les plus touchés
Sylvain Charlebois demeure optimiste malgré tout. Il dit que le départ de navires chargés de céréales de l’Ukraine, en août, ainsi que la diminution récente des coûts de transport sont de bonnes nouvelles.
Il souligne également que le cours du blé a diminué et qu’il se situe maintenant autour de 8 $ le boisseau.
C’est certain qu’on s’attend à ce que la production, le coût pour produire certains aliments, soient beaucoup plus élevés que la moyenne, incluant les pâtes alimentaires.
Malheureusement, dit-il, les consommateurs qui seront les plus touchés par la hausse des prix des nouilles instantanées sont les personnes à plus faible revenu, comme les étudiants.